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Le Jardin d’Igor et Tamara

     

    En cette fin d’après-midi de mai, sous les branches protectrices d’un vénérable tilleul, j’assiste comme mes condisciples de Balades et Jardins au concert donné par Tamara et Igor.

    jardin-d'Igor01Revêtue d’une longue robe traditionnelle et d’un châle aux tons chauds pour elle, d’une tunique blanche brodée pour lui, accompagnés d’une balalaïka ils entonnent une succession de chants populaires russes où sont évoqués des steppes, un cosaque, une cerisaie, un obier rouge (kalinka) … Dans ce théâtre de verdure, le bruissement du vent accompagne les voix du duo.

    Tamara arbore un magnifique sourire parfois malicieux lorsque son regard vient à la rencontre de celui de son frère, Igor. Quelle complicité entre ces deux êtres à l’image de leur jardin !

    L’histoire des prés de Gittonville a commencé dans les années cinquante, époque à laquelle leur grand-père a acheté parcelles après parcelles cette propriété d’un hectare et demi où deux maisons, idée prémonitoire, ont leur place. Leur aïeul a fait creuser un étang de trois mille m². Igor et Tamara sont nés ici, ont passé leur enfance jusqu’à l’âge de dix ans, participant aux travaux d’entretien de ce grand parc. Cette tranche de vie sera déterminante puisque, quelques années plus tard, ils décident de venir y vivre…

    A présent, je vous emmène à travers ce jardin pour une promenade en solitaire.

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    Le portail franchi, une partie du jardin située à flanc de coteau s’offre au  regard. Un petit chemin descend le long d’un appentis recouvert du rosier rose violacé ‘ Dentelles de Bruxelles’ à la floraison généreuse, puis une rocaille aux pieds d’un contre -fort  semble être là depuis toujours. Une multitude de vivaces, verveines, campanules, pivoines, rosiers y ont élus domicile au milieu des murets dans un joyeux désordre.

       Un peu plus loin, accrochée au flanc de la colline, une maison aux volets bordeaux, envahie par une vigne vierge veille sur les prés.      Un escalier de pierres se fraye un chemin à travers cette nature débordante et permet à Tamara, maîtresse des lieux, de rejoindre le domaine.

    Une tonte raisonnée délimite des chemins à travers une prairie où les fleurs sauvages se ressèment. Mes pas m’entraînent naturellement vers une allée. Un canard s’y dandine mais s’empresse de faire demi-tour à ma vue. La pente est douce et levant la tête, j’en profite pour admirer l’écrin de verdure formé par de hauts arbres, peupliers, frênes, ifs, saules…

        En cette douce fin d’après-midi, le décor est d’autant plus saisissant que j’assiste à un délicieux spectacle d’ombres et de lumières. L’ombre des hauts arbres se projette sur le vert éclatant de la prairie et les rayons du soleil se faufilent entre leurs feuilles et embrasent les massifs de vivaces. Les couleurs des éléments prennent des nuances et deviennent indéfinissables comme le bois de ce petit pont situé dans la perspective d’une allée aménagée à l’intérieur de thuyas.

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          Pourquoi ce petit pont de bois de simples planches ? Instinctivement je tourne la tête et …coup de foudre l’étang est là, encore plus beau qu’un étang ! L’âme de ce jardin, emblème du grand-père, témoin de l’enfance de Tamara et Igor,  se déploie sous mes yeux. Je reste immobile. Là encore la lumière déclinante de l’après-midi sublime le tableau. Les arbres se mirent dans l’eau dormante, les saules s’inclinent sur ce miroir et des canards vivent leur vie dans ce décor de rêve. Les arbres et leurs reflets sont à la fois nets et flous offrant toute une palette de verts au peintre en quête d’inspiration.jardin-d'Igor-10

          Les contours de l’étang sont irréguliers et je décide, poussée par la curiosité, de m’enfoncer dans le sous bois. A l’ombre de celui-ci succède la lumière qui inonde les berges de la Juine délimitant la propriété. Un saule pleureur penche dangereusement ses branches sur la rivière qui s’écoule paisiblement. Un rosier issu d’un semis spontané a décidé de grandir ici sur la berge, le maître des lieux et son amie l’ont baptisé‘coquillage’.jardin-d'Igor-11jardin-d'Igor-08

         Je rejoins les abords de l’étang et le sous-bois où jusque fin avril un champ doré immense de ‘doronics du Caucase’ occupait tout l’espace. C’est à partir de deux massifs plantés par son grand-père qu’Igor en divisant les souches et en les dispersant a obtenu au bout de quelques années ce tapis lumineux qui fait partie de ses fiertés.

    J’admire la haute silhouette d’un hêtre pourpre planté là pour les 20 ans d’Igor, à travers les branches encore fleuries d’un viburnum. J’admire encore le délicat feuillage  d’un sureau noir ‘pink beauty’ dont la couleur des ombelles roses répond à celle du rosier ‘gipsy boy’. J’admire…jardin-d'Igor-02

    Et je respire aussi le parfum des roses. En effet, après des rencontres avec André Eve et Anne-Marie Grivaz, Igor a réalisé son rêve celui de créer une roseraie. Le cadre est là et c’est donc tout naturellement qu’un grand nombre de rosiers liane laissent libre cours à leur nature exubérante pour partir à l’assaut des hauts arbres pour mieux en redescendre sous forme de cascades de bouquets comme ‘treasure trove’. Je m’incline sous les branches  de l’un d’eux pour découvrir une maison aux volets bleus, celle d’Igor, posée sur la prairie comme une évidence, assaillie par une glycine et des rosiers grimpants, ‘Mme Alfred Carrière’. Un rosier gallique ‘dis-moi qui je suis’ délivre au passage son parfum.jardin-d'Igor-06

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    Me voici de nouveau sous le tilleul …

    Je me retourne pour admirer tout ce que la nature offre à l’homme et tout le respect de l’homme pour l’entretenir en toute harmonie.

    Je vais quitter ces lieux paisibles et légers où le mot héritage trouve toute sa signification.

     

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    Patricia

    Balades et Jardins

    31 mai 2014

     

     

    Jardin privé ouvert à la visite sur rendez-vous :  

    Le jardin d’Igor et Tamara

    Propriètaires Igor et Tamara Drigatsch
    21 rue de Gittonville
    91690 Saclas
    Tel. : 01 69 58 25 03

    http://www.lespresdegittonville.com