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Des insectes auxiliaires du jardinier pour un jardin au naturel.

     

    Abeilles et bourdons pour polliniser les fleurs, coccinelles pour réduire une colonie de pucerons, ces insectes sont bien connus du jardinier. Mais, il en existe beaucoup d’autres.

    Nous allons essayer d’apprendre à les reconnaitre, de comprendre comment ils agissent et comment favoriser leur présence.

    Selon qu’il s’agit de l’insecte adulte ou de sa larve, notre auxiliaire n’aura pas la même action.

    Il y a des insectes pollinisateurs, en général des adultes, des insectes ou des larves carnassiers, des insectes parasitoïdes et des insectes décomposeurs.

    Des insectes pollinisateurs.

    1.Des butineurs.

    L’abeille: c’est le plus connu de tous les pollinisateurs. Elle assure 80% de la pollinisation des fleurs, au verger et au potager. Elle entre en action dès la fin de l’hiver. On connait les problèmes actuels, entre l’action des pesticides et les frelons asiatiques.

    Le bourdon: Il est actif dès mi-janvier par tous les temps, ne craignant ni la pluie ni le froid. La pollinisation de beaucoup de plantes n’est réalisée que par le bourdon car, pour des raisons soit morphologiques (pistil profond) soit physiques (fréquence du battement des ailes), l’abeille n’est pas efficace.

    Les abeilles solitaires:

    Il en existe plusieurs centaines de variétés. Elles ne fondent pas de colonies et chaque femelle doit nourrir ses larves. Elles nichent (dans le sol, le bois mort, des tiges creuses) à proximité des lieux de culture où elles trouveront pollen et nectar. Elles entrent en action plus tôt que les abeilles sociales et sont donc utiles pour polliniser les arbres fruitiers précoces.

    Plus que les abeilles et bourdons, elles sont sensibles (adultes et larves) aux pesticides et au manque d’espaces un peu sauvages pour nicher.

    On les reconnait à leur abdomen plus velu, à leurs antennes plus courtes.

    Parmi les plus courantes, citons:

    -les osmies: rousses (poils roux sur le thorax) ou cornues (poils noirs sur le thorax). Ce sont elles qui bouchent les évacuations d’eau des fenêtres!01 Osmie rousse prête à butiner

    les mégachiles appelées aussi coupeuses de feuilles, elles ne prélèvent que les feuilles nécessaires à fabriquer des rouleaux pour pondre leurs œufs (1 dans chaque).02 Mégachile découpant une feuille

    -les xylocopes dites abeilles charpentières, noires bleutées à la taille conséquente (20 à 28mm) qui, malgré leur nom, ne sont pas xylophages.

    03b Xylocope

    Les papillons: grâce à leur trompe, ils aspirent le nectar des fleurs qu’ils visitent, pouvant ainsi polliniser des fleurs dont les calices sont longs et peu ouverts, inaccessibles à beaucoup d’insectes. Par contre, leurs larves se nourrissant de végétaux ne sont guère appréciées des jardiniers!

    2.Des butineurs dont les larves sont carnassières.

    La chrysope:

    Un corps vert, de longues ailes nervurées translucides et des antennes longues et mobiles permettent de reconnaitre facilement  cet insecte très utile, fréquent dans nos jardins. L’adulte pollinise les fleurs car il se nourrit de pollen et de nectar. La chrysope pond ses larves à proximité de colonies de pucerons, de cochenilles ou d’acariens. Elle consomme aussi des mouches blanches et des thrips et s’attaque aux psylles du poirier.

    Les chrysopes sont très sensibles aux pesticides et aux huiles de traitement qu’il faut éviter en dehors de l’hiver .

    04 b Chrysope             05 Une larve de chrysope

    Certains diptères:

    Ce sont des sortes de mouches dont certaines ressemblent à des abeilles. On les distingue cependant car elles n’ont qu’une paire d’ailes et des antennes plus courtes.

    Les syrphes:

    Ils sont des auxiliaires indispensables au jardin.

    Ils se reconnaissent facilement par leur vol stationnaire avec de brusques changements de direction. Ce sont d’efficaces butineurs. Les larves ont l’aspect d’asticots aplatis et consomment des pucerons en grandes quantités, les œufs ayant été pondus au milieu des colonies à détruire. Ne détruisez pas leurs nymphes qui ressemblent à des gouttes d’eau fixées sur les feuilles!

    06 Syrphe butinant            KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERA

    3.Des insectes butineurs dont les larves participent à la décomposition de végétaux.

    Le bibion appelé aussi mouche de la St Marc. C’est un insecte noir brillant au corps recouvert de poils. Son vol est lourd, maladroit. On le trouve en grandes quantités en mars-avril sur les arbres dont il pollinise les fleurs. Si les larves se nourrissent de débris végétaux, elles attaquent aussi, si elles sont en trop grand nombre, les racines des plantes, essentiellement des graminées.

    08 b Bibion

    L’oedémère noble:

    Petit coléoptère de 8 à 12 mm, vert aux reflets cuivrés avec des antennes très longues. Il se nourrit de pollen. Ses larves vivent au sol et se nourrissent de bois en décomposition.

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    La cétoine dorée: très fréquente dans les jardins, on la reconnaît à sa carapace vert métallisé. L’adulte butine les fleurs. La larve vit dans le tas de compost, se nourrissant de débris végétaux et de matières organiques en décomposition.

    10 b Cétoine dorée               11 Larve de cétoine

    4.Des insectes pollinisateurs qui chassent:

    Les guêpes solitaires: Parmi les milliers d’espèces vivant en France, citons  la famille des eumènes dites guêpes maçonnes ou guêpes potières. Mesurant de 11 à16 mm, elles ont la taille fine et élancée avec un rétrécissement très marqué entre le thorax et l’abdomen, cet abdomen étant long et filiforme.

    12 Guêpe maçonne construisant un nid

    Comme elles se nourrissent de nectar, elles ont un rôle de pollinisation. Mais leur intérêt pour le jardin réside dans la capture de proies destinées à nourrir leur descendance. A cet effet, elles construisent des nids en forme de pot de terre, les remplissent de proies paralysées mais encore vivantes, puis y pondent un œuf avant de le clore. La larve trouvera ainsi de la nourriture fraîche à sa naissance. Les eumènes contribuent à réguler des populations de papillons de nuits en capturant leurs chenilles.

    Des insectes carnassiers.

    Les guêpes polistes: elles mesurent de 14 à 18 mm avec un abdomen effilé aux 2 extrémités, ce qui les différencie des guêpes communes. Une autre particularité est la confection de nids sans enveloppe. Ces nids peuvent être déplacés et installés dans des lieux infestés de chenilles consommées en grandes quantités par ces guêpes très utiles. Elles ne sont ni agressives ni dangereuses.13 Guêpe poliste et son nid sans protection

    Les carabes: Parmi les 50 espèces vivantes en France, on voit surtout le carabe doré à la carapace vert brillant et le carabe des bois à la carapace noire. Cet insecte ne peut pas voler ce qui le distingue des scarabées, de même que ses antennes longues. Son alimentation consiste en vers, limaces, escargots, chenilles, larves de taupins. Ils ont plutôt une activité nocturne. Une particularité de cet insecte: il ne mange que des proies qu’il a prédigérées extérieurement en les imbibant de sucs digestifs.

    14 Carabe doré attaquant un ver                   15 b Carabe des bois

     

     

    La coccinelle:

    Bien connue du jardinier pour sa capacité à dévorer les pucerons aussi bien au stade de larve qu’au stade adulte, la coccinelle peut aussi s’attaquer à d’autres indésirables du jardin telles que les chenilles et limaces.

    Des insectes ou des larves décomposeurs.

    La panorpe, appelée aussi mouche-scorpion est un insecte de 9 à 20 mm, aux ailes transparentes, à la tête allongée munie de pièces buccales broyeuses. Elle se nourrit ainsi que sa larve d’insectes morts mais non décomposés et de débris végétaux. Cependant, on la trouve aussi sur les fruits présentant  des attaques d’autres insectes.

    17 b Panorpe femelle    18 Panorpe mâle appelé mouche-scorpion

    Les larves d’oedémère, de syrphe et de bibion que nous avons vu précédemment.

    Des insectes parasitoïdes.

    Ce sont des insectes dont la femelle pond ses œufs à l’intérieur d’autres insectes ou de leurs larves ou de leurs œufs, ce qui aboutira à leur destruction.

    Beaucoup de ces insectes ont un hôte spécifique et sont donc utilisés en agriculture biologique ou pour la lutte intégrée, évitant ainsi les pesticides. Exemple: la lutte contre la pyrale du maïs, contre la mouche du poireau.

    Certains de ces insectes parasitoïdes ressemblent à des guêpes.

    Comment favoriser la présence de ces insectes auxiliaires dans les jardins.

    – Cultiver des plantes.

    Pour certains insectes commençant à butiner dès mi-janvier comme les bourdons, les syrphes, les coccinelles: les hellébores, le lamier pourpre, des euphorbes, des véroniques, le mouron blanc, la cardamine hérissée.  Ces plantes auront toute leur utilité au verger si la floraison des fruitiers est précoce.

    Ensuite, les primevères, les pissenlits pour les premières abeilles.

    Et tout l’été, la tanaisie, la consoude, les lamiacées (basilic, lavande, menthe, thym…)

    Certaines fleurs ont leur hôte préféré: l’asphodèle pour les guêpes solitaires, l’échinacée pour le bourdon, la gaura et l’érigéron pour les abeilles, les syrphes et les mouches, l’amarante pour le carabe. la camomille pour les coccinelles, l’onagre pour les papillons.

    Les apiacées (ex ombellifères) attirent beaucoup les insectes butineurs. Comme les espèces sauvages disparaissent, on laissera fleurir quelques pieds de carottes, de panais ou de cerfeuil tubéreux.

    Dès fin avril, on peut semer des annuelles dans le potager ou créer une prairie fleurie.

    Dans un coin du jardin, il est utile de laisser pousser quelques orties qui servent de refuge aux coccinelles et aux papillons. Tout comme il est utile, si on a de la place, de laisser des bandes enherbées ou seulement fauchées lorsqu’elles sont défleuries..

    Quantité d’autres plantes ont un rôle d’hôte à insectes auxiliaires. Pour nous, pensons à varier le plus possible nos cultures que ce soit les vivaces ou les annuelles, à les disperser dans le potager, le verger, le jardin d’ornement.

     

    – Permettre aux auxiliaires d’hiverner.

    Beaucoup d’insectes ont besoin d’abri pour passer l’hiver. Il est judicieux de laisser quelques tas de branchages, de feuilles mortes à proximité des zones de cultures et dans le jardin d’ornement. Ce peut être les restants de mulch étendus en paillage l’été ou les feuilles mortes installées pour l’hiver pour protéger le sol.

    La mode est à l’installation d’hôtels à insectes. Ils sont certes décoratifs mais il est illusoire de croire que les insectes ayant des modes de vie différents vont venir cohabiter. Réservons-les aux petits jardins ou bien mettons-en partout, sans oublier que rien ne vaut les abris naturels.

    Certains insectes pondent ou construisent leur nid à même le sol; certaines larves s’y développent et détruisent des indésirables. On essayera donc de ne pas systématiquement griffer la terre, de penser à étaler des paillis afin de ne pas détruire ces nids où des œufs et des larves peuvent s’être installés.

     

    Les insecticides.

    Un insecticide, chimique ou naturel, n’est jamais complètement sélectif. A partir du moment où nous l’utilisons, nous participons à la destruction de nombreux autres insectes, aussi bien des indésirables que des auxiliaires, ce qui entraîne un appauvrissement de la diversité de la faune et souvent une prolifération des indésirables.

    D’une façon générale, essayons de bannir l’usage des pesticides.

    Rétablir l’équilibre naturel de la faune dans le jardin, utiliser des moyens naturels comme nous l’avons vu dans l’exposé ‘Comment favoriser les défenses naturelles des plantes’ et comme nous le verrons bientôt dans les associations de plantes, permet d’y arriver. Et puis, la perte de quelques plantes ou quelques feuilles découpées ou racornies est peut-être moins grave que la disparition de la biodiversité!

    Thérèse Perrot 3 octobre 2015

    Sources:

    magazine: Les 4 saisons du jardin bio.

    sites Jardiner autrement . Wikipedia. Terre vivante