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Le Jardin de Jocelyne à Moreac

    Impressions d’un promeneur éberlué

    On nous avait prévenus !… Vous allez au bout du monde, mais c’est là que se niche une pépite,… le jardin de Jocelyne !

    Bardés d’un GPS dernier cri et d’une carte papier de secours, équipés d’une boîte à images numériques munie de sa batterie de rechange, nous affrontons donc la pluie de ce dimanche de Pentecôte pour aller à la découverte du Trésor.

    Une « quatre voies » sans âme, une petite route mouillée, des carrefours hypothétiques, un lotissement comme on en voit tant aujourd’hui… Est-ce ici ?… L’assemblée de véhicules connus, sagement stationnés, les échos de quelques paroles égayées d’éclats de rire… Pas de doute ! Balades et Jardins est présente, nous sommes arrivés à bon port.

    Et commence alors, sans cérémonie, la visite la plus étonnante du plus merveilleux des petits jardins de ville (moins de 700 m² autour de la maison) sous l’œil pétillant de malice de sa créatrice, propriétaire amusée des regards ébahis de ses visiteurs. La sympathie de l’accueil ne gâchant rien, c’est à un véritable feu d’artifice végétal et minéral que nous assistons.

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    Autour de la tache vert tendre d’une pelouse irréprochable, et sur un relief recomposé pour transformer un banal talus en rocaille de rêve, s’agencent les paysages conçus par Jocelyne depuis quatre ans et demi. Quatre ans et demi ? Mais comment a-t-elle fait pour aménager aussi vite ce qui fut le chantier de construction d’une maison ? Qui plus est sur une parcelle qu’avaient défigurée des tronçonneuses sournoises, ne laissant d’une haie d’arbres respectables que le spectacle de souches improbables, aujourd’hui heureusement réutilisées avec habileté comme éléments de décor…jardin-de-joselyne-Lelievre
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    Hellébores, hostas, heuchères, lys, rhododendrons (nains, bien sûr !), graminées,… une foison de variétés se disputent aujourd’hui l’espace, constituant des tableaux d’une belle densité, sans que jamais, pourtant, on n’ait le sentiment d’une accumulation irréfléchie d’éléments disparates, fruits de ce qui serait une collection frénétique ou boulimique. De la gourmandise, oui ! Mais tout est pensé, tout est vivant, tout est soigné… Et si l’on craignait que, faute d’espace libre désormais, l’intarissable imagination de Jocelyne ne trouvât plus matière à s’épanouir, on se tromperait !

    Sur la rocaille s’étagent vivaces et buissons, sous l’ombre légère de quelques érables ou cornouillers, choisis pour leur développement maîtrisable, certains taillés en nuages.Jardin-Jocelyne-Lelievre-1

    A ses pieds, s’écoule une rivière minérale, au sein d’un espace soigneusement gravillonné d’où émergent graminées et délicates fleurettes, tandis qu’un miroir horizontal (oui, un miroir !) figure un petit bassin dont les seuls poissons sont le reflet du photographe qui se risque à l’approcher… D’autres points d’eau, bien réels ceux-là, rivalisent joyeusement avec la pluie qui s’obstine à accompagner notre après-midi…

    Miroirs, reflets, songes, c’est l’univers voulu par Jocelyne. Un ruisseau de galets noirs conduit ainsi votre regard plus bas, vers cette « chambre » où les petites plantes de rocaille aux noms champêtres vous invitent à vous pencher jusqu’à elles pour livrer leurs gentils secrets…

    Point de hideux nains de jardins, ici ! Si on est nain, on est distingué ! Un angelot violonist accompagne votre cheminement.Jardin-Jocelyne-Lelievre-5

    Un corydalis déjà en fleurs, d’un bleu profond (pas le bleu délavé du nôtre dit l’un à son épouse médusée par une telle injustice !), attire les commentaires émerveillés des visiteurs. La corole d’un iris nain vous envoûte, la fleur vieux rose d’un cornouiller vous charme, un petit camélia vous rassure !

    Mais le retour à la réalité est de courte durée ! Franchissons une claustra et comble de l’étonnement, nous voici devant un potager miniature ! Quelques carrés de terre surélevés et retenues par des planches, rien de tel pour cultiver la promesse de fraises juteuses et sucrées ! Encore quelques pas et l’ornement reprend le dessus dans des massifs triangulaires balisés cette fois-ci par d’habiles tressages de fer à béton dont on oublie sans peine la fonction d’origine ! Le rêve se poursuit…jardin-Jocelyne-lelievre

    Il faudra pourtant se séparer du lieu, le laisser retrouver sa paix, sans ses photographes indiscrets et ses promeneurs inquisiteurs, le confier aux bons soins de Jocelyne, refermer la porte du jardin, comme on referme sur un joyau l’écrin – fût-il banal, lui – qui le préserve et lui garantit longue vie.

    Couleurs, contrastes, harmonie des formes, délicatesses des miniatures, originalités des éléments décoratifs, c’est un foisonnement ! Allez-y ! Oubliez tout ce que cela suppose de travail constant et minutieux, ne pensez pas aux coulisses, fermez les encyclopédies, regardez la scène et ouvrez grands vos yeux d’enfants ! Là réside le bonheur de la visite ! Merci Jocelyne.

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    Daniel Perrot

    19 mai 2013

     

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