Visite du jardin de Mr Jean-Charles Chiron
Nous avons été reçus par Mr Chiron, paysagiste, installé à Sucé-sur-Erdre, près de Nantes. Nous tenons à le remercier pour sa disponibilité, son amabilité et la grande clarté des informations qu’il nous a délivrées.
Le terrain, d’une superficie de deux hectares, a été acquis il y a une vingtaine d’années, et accueille à la fois le domicile familial, d’une part, et l’entreprise, d’autre part. Ce terrain n’avait pas été cultivé depuis une trentaine d’années, ce qui à la fois offrait un espace libre, et surtout non pollué, dans l’optique de l’aménagement d’un jardin paysagé.
La visite s’est faite sur la partie personnelle de la propriété, aménagée par Mr Chiron pour son usage propre, mais aussi pour servir d’exemple de ses réalisations.
Ainsi, le jardin, d’inspiration japonaise libre (ce sur quoi insiste notre hôte), a été structuré en espaces construits :
Nous entrons par une allée droite qui mène à un parking privé et à la maison, encadrée par de grands panneaux de ciment et peints en noir (et parfois rouge), qui (aux dires du paysagiste) ont donné à cet espace une allure d’abord minérale, peu à peu rééquilibrée par le développement de la végétation (ici, une alternance régulière de buis et d’hydrangeas Annabelle). Cette allée est doublée par une contre-allée sur laquelle nous reviendrons en fin de visite.
Le sol est couvert par des dalles naturelles ou des galets.
Dès le départ, l’élément remarquable est la perspective offerte sur l’allée, où la vue est menée jusqu’à un des panneaux, percé en lune pleine et qui laisse entrevoir un champ parsemé de grandes roches noires dressées. Ici, l’inspiration japonisante est perceptible, renforcée par la présence de plusieurs érables et d’un Parrotia persica.
Nous empruntons ensuite une allée plantée d’arbres, où se remarquent notamment un grand figuier d’une quinzaine d’années et surtout un superbe Prunus serrula Jaro, taillé en transparence et dont l’écorce prune est superbement mise en valeur.
Alors nous débouchons, en contraste, sur un vaste espace carré, dont la forme est renforcée par une haie de hêtres, et au-delà par la masse des chênes qui entourent l’ensemble de la propriété.
Le rêve du chêne peut-être
C’est d’être un jour
Roseau qui danse avec le vent
JPJarry
Ce grand espace vide crée dans le jardin, sous la voûte ouverte du ciel, un lieu de respiration, en contraste avec les lieux plus fermés, couverts et densément végétalisés. Prévu dans un premier temps comme un espace de jeu pour les enfants de notre hôte (pour jouer au foot, évidemment !!!), il sert ainsi plutôt aujourd’hui d’accueil aux exercices de tai shi, yoga et autres activités culturelles.
Derrière la haie de hêtres est dissimulée une allée librement plantée, ombragée, où se mêlent plants indigènes et de collection. Notre pérégrination nous mène vers des masses végétales où se révèle un remarquable effet produit par les ondulations de troènes taillés, ou, plus loin, de Leptospermum Silver sheen. Ainsi se construit un contraste avec l’équilibre et la respiration « shinto » suggérés par le vaste espace quadrangulaire que nous venions de quitter et les roches dressées que nous avions entrevues derrière le mur « lune ». L’évidence de glycines blanches rappelle encore l’esprit japonais, comme les bouquets de phyllostachys nigra, ceints de lauriers taillés en boules.
Nous parvenons alors aux abords de la maison, entourée d’une vaste prairie, et nous y sommes accueillis par un sympathique robot tout occupé à tondre (mais qui a failli me mordre quand j’ai tenté d’interrompre son dur labeur). Une partie de la pelouse n’est pas fauchée et laissée à la libre pousse de graminées et d’annuelles florifères, pour créer un contraste interrompu par quelques trouées qui invitent à la déambulation.
Notre hôte nous indique son souci de ne pas trop enrichir le sol de cette partie non tondue, ce qui évite de trop favoriser les variétés cultivées au détriment de la diversité végétale naturelle.
Nous retrouvons enfin notre point de départ, et nous repartirons vers l’entrée de la propriété en suivant cette fois-ci le « chemin des écoliers » égayé par les parterres d’hydrangeas Annabelle, superbe couvre-sol drageonnant, qui malheureusement n’était pas en floraison lors de notre visite.
Nous prenons alors congé d’un hôte aussi accueillant et prévenant qu’un maître de maison de thé. Nous pourrions lui dédier ce haïku du sage Iida Dakotsu :
Douceur du printemps
La couleur du ciel