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Le Jardin d’Antoine Couton, à Tremoureux, à Saint-Jacut-les-Pins (56)

    Le 7 octobre dernier, Antoine Couton, élagueur professionnel nous a reçus chez
    lui, à Tremoureux, non loin de Saint-Jacut-les-Pins. Il nous attendait sur le
    chemin longeant sa maison.

    Comme une mise en bouche de ce qu’allait réserver
    cette rencontre, on a aussitôt remarqué l’aménagement de la bordure-talus aux
    arbres taillés et égayée de vivaces et de joubarbes longeant son jardin. Avec
    l’agencement de larges pierres, la disposition de traverses de chemin de fer, de
    souches ou encore d’un ancien four, tout un paysage se dessinait. «Par mon
    métier d’élagueur, je récupère tout ce que je trouve rigolo et je l’installe au
    jardin », a justifié Antoine Couton. Le châtaigner a eu la bonne idée de pousser
    tout seul sur cette bordure, tandis que le chêne est venu de chez ses parents. Il a
    passé du temps à le travailler l’été dernier. Explication de pro : « On taille sur
    tire-sève, 2/3 supprimés et 1/3 restant. L’élagueur nous a livré bien d’autres
    détails et conseils tout en marchant. On a appris que les feuilles redistribuent des
    réserves avant de tomber, qu’on peut tailler de décembre à avril, qu’on taille un
    noyer à la chute des noix, mais attention à ne pas trop couper ou encore qu’il
    vaut mieux couper une branche peu à peu par tronçons plutôt que la couper au
    maximum car elle peut blesser en tombant ou mal tomber.

    Son métier, Antoine Couton l’exerce depuis trente ans. Une passion née d’une
    reconversion. Tout jeune, après quelques saisons comme charcutier au Club
    Méditerranée, un reportage télévisé sur le gardiennage des espaces naturels et
    sur le bûcheronnage, va décider de son changement de cap. Alors qu’il est en
    formation de bûcheronnage, un élagueur vient un jour présenter ce métier qu’à
    son tour il pratique tous les jours. Après avoir décroché son certificat de
    spécialisation en élagage, c’est à Malensac, dans le « magnifique » domaine de
    400 hectares de la famille Daboville, qui proposait un poste de 2-3 mois qu’il
    s’est fait la main et qu’il a découvert le Morbihan. Depuis, il n’a plus changé ni
    d’orientation ni de département. Son métier ? « C’est savoir couper et tailler et
    pas n’importe comment ». Pour lui, « chaque branche coupée donne une
    satisfaction. Elaguer c’est extrapoler sur le devenir d’un arbre. C’est aussi un
    peu le sauver pour continuer à cohabiter avec lui ». Et s’il doit couper un arbre,
    il sait toujours pourquoi. Par exemple, un arbre dangereux doit être abattu. Selon
    lui, il faut qu’un vieil arbre soit affaibli pour mourir, alors les prédateurs,
    chenilles et champignons s’en chargent. « Il faut garder des arbres morts pour
    abriter les prédateurs dont les capricornes ». « Tailler au centre des arbres et
    arbustes et avec la lumière, la magie opère ». Ces préceptes, il les applique chez
    lui sur les arbustes comme sur ses feuillus et ses conifères.

     


    Installé depuis 1995 à Tremoureux, Antoine Couton a commencé par planter les
    700 mètres carrés de jardin, tout en rénovant la maison de vieilles pierres.
    Bricoleur infatigable, il a dans le même temps construit le hangar à bois et le

    composteur si utile au potager. Il a aussi recouvert de bardage une vieille
    caravane et installé des toilettes sèches, tout en bricolant des hôtels à insectes et
    toutes sortes d’objets évoquant la faune des jardins. Une dalle végétalisée de
    vivaces tapissantes abrite en contrebas une terrasse ombragée sur laquelle ouvre
    la maison. Cette terrasse, il l’a été aménagée dans le bassin de la piscine des
    anciens propriétaires. « Mon jardin c’est mon antidote. Je fréquente tant de
    jardins à problèmes que je suis soulagé de ne pas avoir les mêmes », avoue t’il.
    Lui, l’été dans son jardin, il « farniente » et voyage en regardant ses palmiers
    qu’il est heureux d’avoir planté. En partant, on remarque que la maison voisine
    entretient elle aussi sa bordure… à la manière d’Antoine

     

     

     

    Texte Marie Christine M

    Photos Sophie T

    Balades et Jardins 07 octobre 2023