Le Jardin d’Antoine Couton, à Saint-Jacut-les-Pins (56)
Antoine Couton, élagueur professionnel nous a reçus chez lui, à Trémoureux, non loin de Saint-Jacut-les-Pins. Il nous attendait sur le chemin longeant sa maison.
Comme une mise en bouche de ce qu’allait réserver cette rencontre, on a aussitôt remarqué l’aménagement de la bordure-talus aux arbres taillés et égayée de vivaces et de joubarbes longeant son jardin. Avec l’agencement de larges pierres, la disposition de traverses de chemin de fer, de souches ou encore d’un ancien four, tout un paysage se dessinait. «Par mon métier d’élagueur, je récupère tout ce que je trouve rigolo et je l’installe au jardin », a justifié Antoine Couton. Le châtaigner a eu la bonne idée de pousser tout seul sur cette bordure, tandis que le chêne est venu de chez ses parents. Il a passé du temps à le travailler l’été dernier. Explication de pro « On taille sur tire-sève, 2/3 supprimés et 1/3 restant. L’élagueur nous a livré bien d’autres détails et conseils tout en marchant. On a appris que les feuilles redistribuent des réserves avant de tomber, qu’on peut tailler de décembre à avril, qu’on taille un noyer à la chute des noix, mais attention à ne pas trop couper ou encore qu’il vaut mieux couper une branche peu à peu par tronçons plutôt que la couper au maximum car elle peut blesser en tombant ou mal tomber.
Son métier, Antoine Couton l’exerce depuis trente ans. Une passion née d’une reconversion. Tout jeune, après quelques saisons comme charcutier au Club Méditerranée, un reportage télévisé sur le gardiennage des espaces naturels et sur le bûcheronnage, va décider de son changement de cap. Alors qu’il est en formation de bûcheronnage, un élagueur vient un jour présenter ce métier qu’à son tour il pratique tous les jours. Après avoir décroché son certificat de spécialisation en élagage, c’est à Malansac, dans le « magnifique » domaine de 400 hectares de la famille d’Aboville, qui proposait un poste de 2-3 mois qu’il s’est fait la main et qu’il a découvert le Morbihan. Depuis, il n’a plus changé ni d’orientation ni de département. Son métier ? « C’est savoir couper et tailler et pas n’importe comment ». Pour lui, « chaque branche coupée donne une satisfaction. Elaguer c’est extrapoler sur le devenir d’un arbre. C’est aussi un peu le sauver pour continuer à cohabiter avec lui ». Et s’il doit couper un arbre, il sait toujours pourquoi. Par exemple, un arbre dangereux doit être abattu. Selon lui, il faut qu’un vieil arbre soit affaibli pour mourir, alors les prédateurs, chenilles et champignons s’en chargent. « Il faut garder des arbres morts pour abriter les prédateurs dont les capricornes ». « Tailler au centre des arbres et arbustes et avec la lumière, la magie opère ». Ces préceptes, il les applique chez lui sur les arbustes comme sur ses feuillus et ses conifères.
Installé depuis 1995 à Trémoureux, Antoine Couton a commencé par planter les 700 m² de jardin, tout en rénovant la maison de vieilles pierres. Bricoleur infatigable, il a dans le même temps construit le hangar à bois et le composteur si utile au potager. Il a aussi recouvert de bardage une vieille caravane et installé des toilettes sèches, tout en bricolant des hôtels à insectes et toutes sortes d’objets évoquant la faune des jardins. Une dalle végétalisée de vivaces tapissantes abrite en contrebas une terrasse ombragée sur laquelle ouvre la maison. Cette terrasse, il l’a été aménagée dans le bassin de la piscine des anciens propriétaires. « Mon jardin c’est mon antidote. Je fréquente tant de jardins à problèmes que je suis soulagé de ne pas avoir les mêmes », avoue t-il. Lui, l’été dans son jardin, il « farniente » et voyage en regardant ses palmiers qu’il est heureux d’avoir planté. En partant, on remarque que la maison voisine entretient elle aussi sa bordure… à la manière d’Antoine.
Date : 7 octobre 2023
Photos / texte : Marie Chritine M + Sophie Y